L'économie collaborative, l'économie de demain
Nous vivons dans univers bouleversé, atomisé par les mutations de l'économie, du salariat ou encore par les nouvelles technologies. Une nouvelle forme d'économie a émergé. Marginale il y a encore quelques années, elle est en pleine explosion et son développement s'annonce sans limites grâce au numérique. L'économie collaborative ou de partage est incarnée par Blablacar et Uber pour les transports, Airbnb pour l'hôtellerie et par des plateformes internet comme Pwiic.com, pour les services entre particuliers.
L'économie collaborative est un modèle qui gagne chaque jour de plus en plus d'adeptes. Elle repose sur le prêt d'objets, la location de chambres entre particuliers et logements de vacances entre particuliers, les services entre particuliers, le covoiturage, et même l'achat et la vente de produits d'occasion. En plus, dans ce système, il est possible que l'argent ne soit pas la seule valeur d'échange pour les transactions.
Il est possible sur certaines plateformes d'économie du partage, de s'échanger un service contre un autre. Par exemple, garder le chien de mon voisin durant ses vacances, contre la garde de mon chat durant les miennes. Cela concerne également les locations entre particuliers contre un service : une personne qui peut offrir un hébergement à une autre pendant quelques jours peut échanger ce service pour certaines classes d'anglais ou de français. Comme son nom l'indique, c'est un modèle qui, a la base, est axé sur la collaboration et le soutien mutuel. À l'heure actuelle, presque tous les secteurs de l'économie sont touchés par l'économie collaborative (qu'on appelle souvent l'ubérisation de l'économie).
L'économie collaborative, l'économie qui veut révolutionner le monde
Les crises économiques et l'austérité à un niveau mondial reflétées par des états sur le point de la faillite, les taux importants de chômage, les préoccupations croissantes sur l'écologie et la santé de l'environnement ont conduit à la découverte et à l'expansion d'une consommation collaborative qui priorise la réutilisation des objets au lieu de l'acquisition de nouveaux articles. Beaucoup de personnes ont trouvé dans l'économie collaborative une forme idéale d'obtenir les produits et les services qu'ils veulent sans compromettre leur situation financière, puisque ce modèle priorise l'usage de l'objet sur la propriété. Ce concept a déjà réveillé la créativité de millions de personnes qui démontrent que nous sommes ancrés dans une conjoncture dans laquelle l'économie collaborative peut être utilisée des manières de plus en plus innovatrices et socialement responsables.
Imaginez que vous avez besoin en urgence d'un plombier. Pourquoi ne pas utiliser votre smartphone pour joindre celui qui est le plus proche grâce aux services de géolocalisation et discuter directement avec lui sans aucun intermédiaire ? Pour le plombier, c'est une opportunité d'offrir son service de manière indépendante, sans l'intermédiation d'un tiers qui prendrait une partie de son honoraire. Il existe plusieurs autres exemples. Avec la plateforme Vizeat qui fonctionne comme Uber et qui compte plus de 100.000 utilisateurs dans le monde, les utilisateurs préfèrent déguster les plateaux cuisine d'une famille au lieu d'aller dans un restaurant. Avec Pwiic, le site de partage et d'économie collaborative, les utilisateurs peuvent partager toute sorte de services entre particuliers et de produits avec un système unique et gratuit de demande et d'offre. L'idée derrière Uber, Lyft, BlaBlaCar et tant d'autres systèmes de transport basés sur la consommation collaborative consiste en ce que les personnes qui possèdent un véhicule, qui est inutilisé une bonne partie du temps, peuvent le mettre à disposition d'autres personnes à un prix compétitif avec l'avantage certain de tisser un réseau d'échange qui pourrait servir en retour. Depuis les années soixante-dix, l'idée du covoiturage entre voisins afin de réduire la consommation de l'essence et de décongestionner le trafic existait déjà. C'était l'une des prémices de l'actuelle économie collaborative. L'apparition des plateformes technologiques - Internet, GPS et réseaux sociaux - a démocratisé ces pratiques et a rendu possible leur massification. On peut dire sans ambages que l'économie collaborative remet au goût du jour et modernise le troc des temps préhistoriques.
Le rôle des nouvelles technologies
La technologie change les modèles d'affaires traditionnelles en mettant en avant les nécessités des consommateurs. La société de propriétaires pourrait-elle disparaitre ? Car aujourd'hui la révolution digitale génère de nouvelles relations productives et transforme les standards mondiaux de consommation. L'internet, les systèmes de géolocalisation, la « portabilité » des nouvelles technologies, le crowdsourcing, la culture open source, le maker movement et le surgissement d'une nouvelle génération de citoyens du monde capables d'impacter leur environnement à travers un click sont certains des composants techniques et culturels qui ont jeté les bases pour consolider un nouveau modèle d'échange qui redéfinit la forme de faire des affaires et des relations à travers de l'échange de biens et de services. En plus des gains économiques, la valeur ajoutée principale de cette nouvelle tendance est la production et le développement de connaissances, puisque l'échange de services entre particuliers ou de biens est considéré comme le point de départ pour initier d'autres interactions humaines ou économiques. Dans ce sens, l'économie collaborative peut apporter des bénéfices tant au niveau économique que sur le plan social et intellectuel. Il est cependant soumis à une limite : le désir des individus de partager.
La croissance exponentielle de l'économie collaborative ces dernières années, à un niveau global, n'aurait pas été possible sans le développement technologique. L'évolution des plateformes collaboratives qui offrent les systèmes de marchés en ligne, avec les technologies P2P, ont favorisé ce modèle, en assurant un écosystème dans lequel échanger des biens et faire des transactions en ligne semble aussi simple qu'introduire certaines données personnelles et faire quelques clics. Le vrai potentiel de ce modèle réside dans l'intégration des individus au processus de génération de valeurs économique et sociale. Après avoir établi que chaque individu peut travailler dans une aire de différente spécialisation dans cette économie, on découvre qu'il existe un potentiel infini de possibilités de création et d'innovation.
La confiance est la base des interactions sur les sites d'économie collaborative.
La confiance est fondamentale en économie collaborative. Sans confiance, il parait difficile de loger dans la maison quelqu'un qu'on ne connaît pas ou de monter à bord du véhicule d'un inconnu ou encore de prêter son argent. Grâce aux réseaux et aux communautés sociaux, il semble plus facile de générer cette confiance si fondamentale pour participer à la consommation collaborative. L'offre et la demande se trouvent d'une manière simple dans la même plateforme. Toutes les informations concernant le service voulu sont disponibles et consultables.
À travers les commentaires et les évaluations d'autres utilisateurs, il est possible d'avoir le maximum d'informations sur le service voulu ou la personne qui le met à disposition. L'utilisateur d'une voiture dans Blablacar peut commenter l'habileté du conducteur en laissant un commentaire négatif pour que les autres utilisateurs de la plateforme soient informés. Les utilisateurs sont les principaux animateurs des plateformes.
L'autre facteur qui a aidé à pousser l'économie collaborative a été la crise. Les individus utilisent ces plateformes pour acheter, vendre ou échanger des biens qu'ils n'utilisent plus ou qui ne leur servent plus. Celui qui vend ou loue quelque chose gagne de l'argent tandis que l'acheteur économise de l'argent parce qu'il achète moins cher.
Les chiffres impressionnants de l'économie collaborative
L'ère de l'économie collaborative suppose un échange culturel ; c'est une économie d'accès caractérisée par des chauffeurs privés et des employés de maison, etc. Les chiffres de ce phénomène économique sont de plus en plus impressionnants. Des milliers de voyageurs autour du monde se logent dans les propriétés d'autres particuliers en utilisant la plateforme Airbnb ; des millions de personnes utilisent les services d'Uber pour se déplacer, et presque la moitié de la population mondiale a un compte Spotify qui lui permet de jouir d'une infinité de chansons en ligne. Ce modèle embrasse de plus en plus de domaines de la société et surtout de la vie quotidienne des individus. Airbnb agit déjà dans trente-cinq mille villes de cent quatre-vingt-douze pays, où il offre plus de six cent mille espaces de logement qui vont des chambres individuelles aux châteaux européens. Pour sa part, Uber a une présence dans plus de cent villes dans quarante-cinq différents pays et est évalué à plus de dix-huit milliards de dollars.
Les différents types d'économie collaborative
Le concept est beaucoup plus large qu'il n'y paraît au premier abord. Au sein du système de collaboration aussi appelé « économie partagée », divers types de relations variant en fonction des besoins et des produits existent :
- Consommation collaborative
- Open Knowledge
- Production collaborative
- Collaboration financière
Les principaux avantages de l'économie collaborative
L'économie collaborative offre plusieurs avantages dont les plus intéressants sont :
- L'économie
- Le développement durable
- La gestion des ressources
- L'augmentation de l'offre
- Les avantages pour l'environnement
- Faire partie d'une communauté
- L'auto emploi et la création de nouvelles entreprises
Le regard tourné vers l'avenir
L'avenir propose divers défis pour l'économie de partage, puisqu'en plus de la régulation et la réglementation autour de ses processus, il faut fortifier la confiance entre les impliqués pour pouvoir continuer de développer de manière durable et soutenue les interactions qu'elle génère.
Ce modèle fonctionne grâce aux citoyens du monde et aux utilisateurs qui travaillent ensemble. Mais, cette collaboration exige sans cesse de maintenir le niveau de confiance essentiel pour sa bonne marche. L'économie collaborative cherche à offrir de nouvelles alternatives au système actuel. Elle propose d'apprendre à valoriser les échanges, les connexions entre les personnes et notre capacité constante de création. C'est l'avenir de la solidarité entre humains à l'échelle mondiale. Nous générons des projets, partageons des ressources.
La grande problématique qui est posée est la suivante : à côté de la société salariale qui va certainement continuer d'exister, à quelles conditions les créateurs des plateformes collaboratives peuvent-ils se rémunérer et faire en sorte que la valeur qu'ils créent revient à ceux qui collaborent ? Il y a beaucoup d'innovations et d'intelligence collective qui doivent être développées pour trouver une solution à cette question, sans oublier la réglementation pour protéger cette économie collaborative, mais aussi pour protéger le reste de l'économie contre la concurrence déloyale. Il faut faire en sorte que ceux qui promeuvent ces valeurs et qui créent cette richesse arrivent à en bénéficier, mais qu'ils arrivent aussi à partager cette valeur de manière équitable avec ceux qui échangent leurs services, leurs objets, leurs voitures. Il existe déjà de nombreuses idées et de nombreuses théories lancées à ce sujet. Par exemple, Pwiic.com a opté pour le modèle coopératif pour sa startup, afin de partager la valeur de la société avec ses utilisateurs. Ainsi chaque utilisateur peut prendre une part au capital de la société. L'avantage est que la société reste entre les mains des utilisateurs et qu'elle ne dépende pas d'actionnaires qui risquent de détourner le projet de ses valeurs de bases = le partage, l'entraide, la solidarité. Nous voyons beaucoup trop de projets qui, dès qu'ils ont pris le monopole sur un marché, imposent leur règles, sans tenir compte des motivations initiales, et perdent leur âme. Le modèle de l'économie a à la fois l'avantage et le désavantage d'être un terrain vierge dans lequel tout est encore possible. Ce constat ouvre la porte à toutes les réflexions qui pourraient participer à son développement durable.